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Critique

D’Alfortville à Nanterre, la mania d’«Oncle Vania»

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Scènes . A partir de la même traduction, Christian Benedetti et Alain Françon livrent des versions complémentaires et réussies de la pièce de Tchekhov.
publié le 19 mars 2012 à 0h00

Tout semble opposer les deux Oncle Vania actuellement à l'affiche à Nanterre (Hauts-de-Seine) et à Alfortville (Val-de-Marne). A commencer par la durée et l'espace. Aux Amandiers, la pièce de Tchekhov mise en scène par Alain Françon dure deux heures trente et occupe le grand plateau. La version que propose Christian Benedetti dans son petit Théâtre Studio est presque deux fois plus courte : une heure vingt. Une différence d'autant plus notable que le texte est pratiquement le même : les deux metteurs en scène utilisent la traduction d'André Markowicz et de Françoise Morvan, et l'écart est affaire de rythme, et non de coupes.

L'un aborde la pièce comme une course de fond, l'autre comme un sprint ; l'un travaille dans un grand stade, l'autre sur un ring de boxe. Et comme les deux spectacles peuvent être qualifiés de réussis, la confrontation prend un tour stimulant. Tous les profs qui auraient la bonne idée d'emmener leurs élèves voir les deux doivent s'attendre à des discussions aussi fructueuses que sans fin. On peut détester l'un et adorer l'autre. Ce qui laisse la place à la synthèse : les versions se complètent plus qu'elles ne s'opposent. Le Vania d'Alfortville frappe par sa brutalité, celui de Nanterre impressionne par sa tristesse. Tous deux sont également fidèles à Tchekhov.

Nuque. La version de Benedetti est d'une parfaite efficacité. Les acteurs débitent le texte à grande vitesse, à la manière des répétitions à l'italienne, entièreme