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Libération
Critique

Rabelais, la geste et les «Paroles»

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Théâtre . A Saint-Denis, un spectacle plaisant sur le voyage de Pantagruel.
publié le 19 mars 2012 à 0h00

Autant y aller franco. La metteure en scène Claude Buchvald l'avait déjà compris qui, il y a quelques années, présentant un spectacle inspiré de l'œuvre de Rabelais à la MC93 de Bobigny, avait choisi d'ouvrir sur le dialogue entre Grandgousier et Gargantua quant au meilleur moyen de se torcher le cul. De quoi méduser une salle potentiellement houleuse, composée de collégiens et de lycéens. Au Théâtre Gérard-Philipe (TGP) de Saint-Denis, la troupe réunie autour de Jean Bellorini procède de même pour un résultat idoine. On aurait tort de bouder son plaisir : «Une fois, je me suis torché avec le cache-nez de velours d'une demoiselle, ce que je trouvai bon, vu que sa douceur soyeuse me procura une bien grande volupté au fondement ; une autre fois avec un chaperon de la même et le résultat fut identique ; une autre fois avec un cache-col ; une autre fois avec des cache-oreilles de satin de couleur vive, mais les dorures d'un tas de saloperies de perlettes qui l'ornaient m'écorchèrent tout le derrière. Que le feu de Saint-Antoine brûle le trou du cul à l'orfèvre qui les a faites et à la demoiselle qui les portait.»

Paroles gelées, le spectacle concocté par Bellorini, retrace, après cette ouverture en fanfare, le voyage de Pantagruel, Panurge et consorts jusqu'à l'oracle de la Dive Bouteille. Le décor est une immense flaque d'eau - la mer - où les 13 comédiens-chanteurs (jeunes pour la plupart) pataugent en bottes de caoutchouc. Cela tient du music-hall, de la poch