Marie Pezé, psychologue clinicienne, psychanalyste spécialisée dans la souffrance au travail, ne peut cacher son émotion. Lors d'une répétition du Collectif 18.3 à la Ferme du Buisson, qui consacre un week-end au corps au travail, les mots de ses patients (qu'elle a rapportés dans son livre Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés) lui reviennent, via des comédiens et des danseurs.

Une histoire longue et douloureuse pour elle aussi qui créa, en 1997 à l'hôpital de Nanterre, la première consultation Souffrance et travail, aujourd'hui malheureusement fermée par l'administration, Marie Pezé ayant été licenciée en juillet 2010. «Ce livre, dit-elle, est déjà un miracle car je ne pouvais plus écrire à cause d'une arthrose grave du cou et une paralysie du bras droit. C'est grâce à un travail avec l'auteur et la journaliste Pascale Leroy qu'il a pu sortir.» Les paroles des patientes et patients qui y sont relatées rendent compte de la solitude, des dépressions, de l'épuisement. Ce ne sont pas des plaintes mais des paroles fortes, tranchantes, sans retour, comme celles de Fatima, femme de ménage, un des personnages de la pièce.

Dans leur spectacle, qui porte le même nom que celui du livre, les membres du collectif mettent aussi en scène l’auteur. Partis de lectures citoyennes sur ce thème qui les touchait, ils ont rencontré Marie Pezé qui n’a pas hésité à entrer dans l’aventure collective en leur faisant toute confiance.

Après un long travail d'adap