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Libération
Critique

Christophe Honoré, Nouveau Roman, feuilleton

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Dans sa pièce, le cinéaste met en scène des auteurs, figures du Nouveau Roman, et interroge ce qu’écrire veut dire aujourd’hui.
publié le 5 juillet 2012 à 19h07

Il y a un demi-siècle, cet agglomérat qu’on appelle indûment Nouveau Roman a posé des questions que la plupart des lecteurs et écrivains ont préféré oublier. Peut-on continuer d’écrire aujourd’hui «comme Balzac» ? Ce qui compte dans un roman, est-ce le récit, les personnages, la petite morale à deux sous de l’histoire, ou bien, par-dessus tout, l’aventure de la conscience et de l’écriture elle-même ? C’est bien joli de raconter des histoires, mais il faudrait se demander ce qu’écrire veut dire.

Posées après la Seconde Guerre mondiale, pendant la guerre d’Algérie, ces questions étaient politiques. Dans sa première pièce de théâtre, l’écrivain et cinéaste Christophe Honoré les met en scène à travers des écrivains qui, d’une manière ou d’une autre, les ont affirmées. Il les range sous cette étiquette délavée, à moitié décollée, intitulée Nouveau Roman.

Honoré est né en 1970, dix-sept ans après la publication des Gommes d'Alain Robbe-Grillet, onze ans après la célèbre photo de groupe prise devant les éditions de Minuit. Il a écrit des romans pour enfants, pour adultes, il réalise des films, sans doute reviendra-t-il au roman. S'il a imaginé ce spectacle, c'est parce qu'il s'interroge : «La place de grand écrivain n'est pas confortable, aujourd'hui on en a peur. Angot a voulu l'occuper. Elle avait cette folie-là : Sujet Angot, il fallait oser. Mais elle a souffert de ne pas être assise dans un groupe. Du coup, on l'a pulvérisée.»

Honoré a une vision héro