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Libération
Critique

Le Shaman et le trader

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Dans «15 %», Bruno Meyssat explore le monde de la finance et ce que la crise révèle de l’inconscient collectif .
publié le 5 juillet 2012 à 19h07

C'est au vide grenier de son village que le fondateur du Théâtres du Shaman a rencontré Homer Simpson. Il est d'abord passé devant lui sans s'arrêter avant de rebrousser chemin : «Je mesuis dit : "Maisc'est l'Amérique !"» C'est comme cela que la grande marionnette en mousse jaune s'est retrouvée dans son nouveau spectacle. Bruno Meyssac qui regarde peu la télévision, ignorait l'existence de la famille du surveillant de centrale nucléaire, amateur de bière, dévoreur de donuts et père indigne. Mais son intuition ne l'a pas trompé. «Les brocantes, c'est là où j'ai le regard flottant, où je rencontre ce dont j'ai besoin. Je n'ai pas cette sensation dans un magasin.» Le résultat de ses trouvailles s'entasse sur le plateau de la salle des Subsistances, à Lyon, où il répète, un mois avant la première, 15%, le spectacle créé à Avignon. Dans le désordre : une béquille d'enfant, un pied de table, des maisons jouets, une cuvette émaillée, un punching-ball, une pelle, un tabouret giratoire, un ventilateur rouillé, deux poufs, une veste de chantier, des tondeuses à gazon…

Vaisselle. Tous les spectacles de Bruno Meyssat ont pour substrat des objets récupérés. Une planche, un caillou, une chaussure, un clou, autant de reliques envisagées comme des trésors, témoins d'un travail qui tient de la fouille archéologique. Pour le metteur en scène, le théâtre est d'abord affaire d'interprétation de signes.

Longtemps, il s’est plus intéressé aux ancêtres qu