Menu
Libération
Interview

Romeo Castellucci «Tout doit disparaître»

Article réservé aux abonnés
Dans «The Four Seasons Restaurant», le metteur en scène poursuit sa réflexion sur l’image et sa consommation.
«The Four Seasons Restaurant», de Romeo Castellucci. (Photo Christian Berthelot)
publié le 5 juillet 2012 à 19h06

En cette fin de mois de juin, Scipion, un vent venu d’Afrique au nom de général romain, balaye l’Italie d’une vague de chaleur. Le théâtre municipal de Cesena, la petite ville d’Emilie-Romagne d’où est originaire Romeo Castellucci, abrite le siège de sa compagnie, la Societas Raffaello Sanzio. C’est là, il y a plus de trente ans, que le jeune Romeo a découvert Carmelo Bene qui aimait créer ses pièces folles à Cesena. Une rencontre qui a bouleversé sa vie, et largement déterminé sa vocation d’homme de théâtre, lui qui était d’abord passionné de peinture.

Il répète The Four Seasons Restaurant, son nouveau spectacle qui sera présenté à Avignon. Le metteur en scène a vécu une saison agitée. Sul concetto di volto nel figlio di Dio, sa pièce présentée à Avignon en 2011, a été, en France, la cible des activistes intégristes de Civitas qui en ont perturbé les représentations, y compris par des moyens violents, notamment à Paris au Théâtre de la Ville,au mois d'octobre (Libération du 24 octobre 2011). Le spectacle montrait, sur un mode hyperréaliste, une heure du quotidien d'un vieux père incontinent et de son fils, sous une reproduction géante du visage du Christ peint au XVe siècle par Antonello di Messina. Les manifestants ont crié au blasphème, ce qui était à la fois un procès d'intention et un contresens. Le spectacle s'interrogeait plutôt sur les limites du supportable et de la compassion, et sur le sens du regard, tout en laissant au specta