Dans ce lieu magique qu’est la carrière de Boulbon, à une quinzaine de kilomètres d’Avignon, le chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui pose ses propres cailloux. Le décor mobile à construire et déconstruire est fait de blocs de fausse pierre destinés à être manipulés en direct par les interprètes. Des pavés brandis par les danseurs, scotchés même, suggèrent une Intifada, des rébellions.
Sous les pavés, ici, il n’y a pas de plage, mais un chantier permanent où l’on bâtit comme à Beyrouth sur les ruines, les couches de mémoire, où l’on détruit les mausolées comme dans le nord du Mali, où les murs se referment sur les libertés, où l’on lapide encore. Faire plus Cherkaoui serait impossible, et c’est franchement pas mal.
Roboratif pour le moins, Puz/zle est un mélange comme le chorégraphe les affectionne, cherchant toujours ailleurs ce qui est en lui : les cultures multiples. Moins peace and love que nombre de ses précédentes pièces, le spectacle vraiment spectaculaire mêle musique, chant, danse et graff.
Musicalement, il s’agit d’une réussite. En réunissant le groupe polyphonique corse A Filetta, la chanteuse libanaise Fadia Tomb el-Hage et le flûtiste, chanteur et percussionniste japonais Kazunari Abe, l’équipe de la compagnie Eastman, que Sidi Larbi Cherkaoui a créée en 2010, a vu juste. La voix profonde et féminine de la chanteuse amplifie et fait écho aux voix masculines des Filetta, quand le Japonais, plus percussif, tient à distance un certain lyrisme.
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