En sortant du gymnase du lycée Mistral, on croit comprendre pourquoi le spectacle imaginé par Séverine Chavrier, qui devait au départ se déployer sur deux heures trente, dure finalement près d'une heure de moins. Le décalage entre l'ambition du projet et sa mise en œuvre est flagrant, et la raison a sans doute parlé à quelques jours de la première : inutile de trop étirer ce qui tient du chantier, plus que de la proposition aboutie. Mais si l'on admet que l'essai a toute sa place à Avignon, on peut trouver des qualités à Plage ultime, qui puise son inspiration dans plusieurs écrits de l'auteur de science-fiction J.G. Ballard.
Comédienne et musicienne - sa compagnie s’appelle la Sérénade interrompue -, Séverine Chavrier a aussi le goût des images. Plutôt que d’adapter un seul texte, elle propose une immersion dans l’univers du romancier, via une suite de saynètes où l’hystérie le dispute à l’humour, et l’onirique au trivial. Une rêverie si l’on veut, qui ne manque pas de charme, mais s’égare en chemin.
Cela commence bien avec, au premier plan, un tapis roulant d’aéroport et un jeune et bel adolescent ganté de blanc, occupé à manipuler des valises sans logique apparente. Une scène comme une (pré)vision de ce que pourrait être la soirée, énigmatique, fantastique, poétique. Le tapis roulant donc, mais aussi une structure métallique mobile, passerelle suspendue qui tient du pont d’autoroute, et puis un bar, un piano à queue, des bureaux vitrés, des barrières et des gyropha