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Libération
Critique

Jelinek raconte des krachs

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Avignon. Nicolas Stemann adapte un texte de l’écrivaine autrichienne.
«Les Contrats du commerçant. Une comédie économique» de Nicolas Stemann (Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)
publié le 22 juillet 2012 à 21h16
(mis à jour le 23 juillet 2012 à 14h58)

Encore une soirée au long cours. Celle que propose Nicolas Stemann, avec le Thalia Theater de Hambourg, s'étire sur presque quatre heures, sans entracte. Impossible de dire qu'on n'est pas prévenu. D'abord, parce que l'indication figure à l'entrée de la salle. Ensuite, parce que le metteur en scène se charge lui-même, en guise de prologue, d'annoncer la couleur. Un petit discours en français, dont l'humour («Si l'on mettait un entracte, ce serait encore plus long») donne le ton de la soirée : joyeuse, voire fantasque et faussement je-m'en-foutiste.

«Ne vous sentez surtout pas obligés de rester tout le temps sur votre siège, explique-t-il en substance. Vous pouvez sortir boire un coup au bar et suivre le spectacle sur des écrans de télévision. De toute façon, vous ne perdrez pas grand-chose.» Sortir boire un coup, facile à dire : si vous n'êtes pas en bout de rangée, les gradins installés dans la cour du lycée Saint-Joseph ne s'y prêtent guère. Pas grave, le spectacle a suffisamment de pouvoir de séduction pour ne pas trouver le temps si long. Avec Elfriede Jelinek (Prix Nobel de littérature 2004), Nicolas Stemann entretient une complicité de plusieurs années (il a déjà monté cinq de ses textes) qui n'est pas de la vénération. Le salut final donne une idée de ce que doivent être leurs relations : Stemann a dans la main une marionnette, qui est en fait une simple perruque avec des nattes où l'on reconnaît l'écrivaine. Sans complexes, donc, vis-à-vis d