Menu
Libération
Critique

«La Mouette», rêves en ruines

Article réservé aux abonnés
Festival d'Avignon 2012dossier
Avignon . Arthur Nauzyciel livre une mise en scène longue mais élégante de la pièce de Tchekhov.
publié le 22 juillet 2012 à 21h16

Une grève de sable noir où de grands débris métalliques sont plantés, carlingue d'Airbus foudroyé ou paquebot naufragé… Si la scénographie conçue par Riccardo Hernandez pour la mise en scène de la Mouette, dans la cour d'honneur, peut évoquer un bord de lac, elle ne correspond guère à l'image que l'on se fait de la propriété à la campagne où se déroule la pièce. Sauf à imaginer que ce qui est mis en œuvre ici, ce sont moins les instructions scéniques de Tchekhov que la réflexion de Treplev à propos du théâtre : «Il faut peindre la vie non pas telle qu'elle est, ni qu'elle doit être, mais telle qu'elle se représente en rêve.»

Masques. Un rêve qui, dans la mise en scène d'Arthur Nauzyciel, ressemble à un monde post-catastrophe, hanté de fantômes d'un royaume des morts peut-être égyptien. Les masques de mouette que portent les comédiens au début évoquent Horus, le dieu faucon. De noir vêtus, en deuil des personnages d'un monde disparu, ils sont des figures sans repos aux membres de cadavres noircis, dansant une ronde mélancolique.

Dans sa grandiloquence, l’image pourrait friser le ridicule, mais l’audace paie, elle ne manque ni de panache ni de grâce, y compris dans la façon dont les corps des acteurs, élégance et maladresse confondues, se plient à la chorégraphie de Damien Jalet.

Un bal de morts-vivants donc, qui tire en longueur (4 h 15), n'évite pas les citations superflues (la projection de l'Entrée d'un train en gare de La Ciotat de