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Libération
Critique

L’écologie qui énerve

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Avignon . Un scientifique s’alarme sur l’avenir de la Terre. Univoque et agaçant.
publié le 25 juillet 2012 à 19h36

Il y a quelques raisons de sortir énervé de Ten Billion («Dix Milliards»), spectacle conçu par la metteuse en scène Katie Mitchell avec Stephen Emmott, neurobiologiste de formation, directeur du laboratoire de recherche sur les sciences du calcul chez Microsoft et spécialiste des écosystèmes. Ten Billion prend la forme d'une causerie scientifique. Emmott tient son propre rôle et évolue dans un cadre pour lui familier : son bureau de Cambridge, fidèlement reconstitué, explique-t-il au début du spectacle, sur la scène du théâtre.

Son propos se présente comme un cri d'alarme sur l'avenir de la planète, pas très éloigné, sur le fond comme dans l'esprit, de celui poussé par l'ex-vice-président américain Al Gore dans son film de 2006 intitulé Une vérité qui dérange. Pendant plus d'une heure, donc, il s'emploie à décliner une compilation d'informations sur la catastrophe qui nous attend : l'élévation du niveau des océans, le Bangladesh rayé de la carte, les dizaines de millions de réfugiés climatiques, l'épuisement des ressources en eau potable, etc. Le tout entrecoupé d'une avalanche de chiffres.

Le problème n’est pas tant le fond que la forme du discours. Progressivement, on a le sentiment d’assister à une réunion du Parti communiste des années 50 ou à une séance de lavage de cerveau de l’Eglise de Scientologie ; c’est-à-dire d’être soumis à un bombardement de vérités «irréfutables» - c’est un scientifique qui parle - auxquelles on n’a d’autre choix que d