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Critique

«André», bonne salade de raquette

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Théâtre. En féminisant le champion de tennis américain Agassi, Marie Rémond, short en jean et cheveux longs, signe une variation paradoxale sur le thème de l’engagement, de la schize et du jeu.
publié le 19 septembre 2012 à 20h46

Voilà par où commence cet emballant André. Marie Rémond, 31 ans, 1,59 m, 45 kg, s'avance sur un plateau presque nu où seules trois chaises autour d'une table de cuisine font office de décor. Sur la table, deux bols et un paquet de Miel Pops. L'actrice issue de l'école du Théâtre national de Strasbourg (promo 2007) est en socquettes et porte un bandeau dans les cheveux. Elle ne ressemble à rien. Elle dit : «Donc je m'appelle André Agassi, je suis né à Las Vegas le 29 avril 1970, mes principales qualités sont…» Voilà, à prendre ou à laisser.

Evidemment, on prend. Sans ricanement ni ironie. Elle est André Agassi. Le vrai, le champion de tennis. Ou du moins, une idée d’André. De son André. Il n’y a là aucun espace pour le second degré. Cet André a la voix chargée d’une douleur souterraine. Ses yeux ont l’air de retenir un torrent de larmes. Son corps tendu comme un arc est au bord de la rupture. Il souffre.

«Biopic». Un jour, dans la vraie vie, Marie Rémond, qui n'a jamais passé un coup droit de sa vie, est tombée sur la biographie d'Agassi. Elle y découvre médusée que celui qu'elle regardait ado à la télé déteste le tennis. Son art, son talent et donc sa vie. «L'idée n'était surtout pas de faire un biopic, raconte la comédienne qui signe aussi la mise en scène, mais d'évoquer comment ce personnage a eu à se débattre avec ses contradictions, la pression, les attentes des autres. Il y avait une quête d'identité qui pouvait parler à to