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Libération
Critique

«Britannicus», le mal à la racine

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Théâtre . Aux Amandiers de Nanterre, Jean-Louis Martinelli fait résonner le texte classique avec l’actualité.
publié le 25 septembre 2012 à 22h46

Une scène tournante, mais pas de révolution. La mise en scène de Britannicus par Jean-Louis Martinelli, dans la salle transformable du théâtre de Nanterre-Amandiers qu'il dirige, n'a pas de prétention novatrice. Le dispositif scénique circulaire, avec pour seul accessoire un fauteuil - le trône de Néron - ne semble avoir d'autre fonction que de forcer l'écoute. Sur son intention, Martinelli s'explique clairement dans le programme : «Ce n'est pas l'actualité qui nous conduit vers la réalisation de ce Britannicus, mais bel et bien Racine et l'histoire de Rome qui nous permettent une lecture active de l'actualité. Ces rapprochements, le metteur en scène n'a pas à les induire, à les souligner. Ce serait réduire la portée de l'œuvre, il n'a pas à faire le travail du spectateur.»

Cet «efffacement» volontaire de la mise en scène fonctionne d'autant mieux que les acteurs prennent leurs responsabilités. La troupe réunie pour ce Britannicus est d'une notable homogénéité. Pas de maillon faible, juste des styles de jeu différents mais pas dissonants. Du Néron qu'interprète Alain Fromager, on ne perd pas une syllabe, pas une nuance du grand saut dans l'ignominie. Britannicus est le récit du basculement de la conscience, quand la paranoïa (couplée au plaisir de l'arbitraire) finit par l'emporter sur les scrupules, et sur la raison.

Ce vertige du pouvoir, intensément vécu par Néron, n’a en effet nul besoin d’actualisation pour résonner aujourd’hui. Et l’on