Assis au milieu d’un canapé rouge, le corps se tient bien droit. Nathalie Marteau soigne ce matin-là un début de grippe, boit beaucoup de café, semble préoccupée. Son théâtre, le Merlan, scène nationale installée dans les quartiers Nord de Marseille, soutient dans le cadre de la capitale européenne de la culture un projet de jardins éphémères qui révèlent les richesses des cités alentours. Mais leurs habitants se battent contre un projet de rénovation à la concertation défaillante et tout se mélange. Les artistes sont accusés de coûter trop cher, surtout quand il y a mal logement et pas d’emploi. Comme cela se passe à Marseille, c’est éruptif, parfois violent.
Nathalie Marteau est arrivée en 2003. Le théâtre fermait l'année suivante pour rénovation et vagabondait hors les murs. C'est ainsi qu'elle a découvert Marseille. L'un de ses amis dit que cette errance la ramenait à des origines saltimbanques. Cela lui plaît visiblement : «J'ai un papa qui était magicien, qui m'a permis de grandir dans ce milieu aujourd'hui désuet des cabarets, des grandes fêtes populaires. Il passait avant Carlos ou après l'homme serpent, la strip-teaseuse.» Sa mère était plus «dans l'ombre», préparait les malles. Ils vivaient du côté de Bourges. Ces spectacles étaient sa culture jusqu'aux sorties scolaires, puis au club théâtre du lycée qui partait l'été sur les routes, jouait dans les villages. Elle l'a abandonné pour des études de sociologie et d'anthropologie, se souvient de Miche