Deux cow-boys, souvent à poil, passent trois quarts d’heure à martyriser des guitares électriques, à chevaucher un taureau mécanique ou à se livrer à des contorsions douteuses - par exemple, enfiler ensemble le même slip et le même tee-shirt. De temps à autre, ils disparaissent dans un long conduit en bois, où les attendent des poussins et une geisha. On suit alors leurs activités grâce à des caméras vidéo…
Aucun doute, la première partie de Muerte y reencarnación en un cowboy, de Rodrigo García, présentée au Théâtre de Gennevilliers, déroute. Sa stridence répétitive est même susceptible de taper sur les nerfs. Mais on peut également s'attacher à ces deux types déboussolés, dont les corps d'hommes mûrs portent la nostalgie - grâce, maladresse - de l'adolescence. Deux gars qui ont du mal à recoller les morceaux d'une existence dont l'éclatement renvoie aussi bien à la franche déconnade pétardisée qu'au bad trip, voire à une near death experience.
Alter ego. Créée en 2010 à Rennes, la pièce est une des plus dépouillées de son auteur. Muerte y reencarnación en un cowboy est construite à l'envers de Golgota Picnic, le spectacle qui l'a suivie en 2011 et qui avait suscité l'ire de certains milieux cathos intégristes. Ce dernier commençait par la parole et se terminait par la musique. Dans Muerte y reencarnación…, les cow-boys, impeccablement sapés (Stetson, lunettes noires et santiags), finissent par s'installer sur deux