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Critique

«Calme», la vie en névrose

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Théâtre . Jean-Louis Martinelli met en scène à Nanterre une pièce de 1984 du Suédois Lars Norén. Un huis-clos familial sur fond de mort prochaine.
publié le 28 janvier 2013 à 21h26

Les trois heures quinze de Calme auraient pu durer le double : Jean-Louis Martinelli, qui monte la pièce de Lars Norén dans son théâtre de Nanterre-Amandiers, a largement taillé dans l'histoire. Avec l'œuvre du dramaturge suédois, le metteur en scène mène un compagnonnage entamé en 2000 avec Catégorie 3.1, spectacle au long cours (sept heures) où il avait repris une grande partie du texte ; mais la structure de la pièce était différente - une plongée sociologique dans les bas-fonds de Stockholm, avec une quarantaine de personnages joués par dix-sept acteurs.

Hôtel vide. Calme (traduction de Camilla Bouchet aux éditions de l'Arche) est d'une autre nature, et d'une autre période dans l'écriture de Norén, antérieure à Catégorie 3.1. La pièce date de 1984, et émarge comme plusieurs autres de ces années-là (la Veillée, Bobby Fischer vit à Pasadena…) au genre du huis clos familial. Action minimale et tension maximum, la recette de ce théâtre psychologique n'est pas neuve, et Norén admet suivre les traces de prédécesseurs illustres, tels son compatriote Strindberg ou Tchekhov, mais surtout l'Américain Eugene O'Neill, as de la plongée dans les désastres familiaux (alcoolisme, dépression, secrets et mensonges…). Comme dans Long Voyage vers la nuit, de O'Neill, on retrouve dans Calme un quatuor (le père, la mère et les deux fils) prisonnier d'une souffrance sans issue. Du moins pour les trois personnages ma