Dans la salle Richelieu rénovée de la Comédie-Française se rejoue, depuis lundi, la guerre de Troie dans Troïlus et Cressida de Shakespeare. Au Grand Parquet, dans une salle plus intime aux airs de cabaret surchauffé, un des principaux protagonistes de cette guerre se bat seul avec ses démons. C'est Ménélas, le roi de Sparte, quitté par Hélène, partie pour Troie dans les bras d'un autre.
Bouzouki. Son monologue oscille entre insulte et effondrement, invectives et larmes. D'un côté, il veut se venger de Pâris qui lui a pris son amour, en le tuant de ses propres mains ; de l'autre, à se redresser, danser, vivre. Une déchirure portée à son comble par Simon Abkarian.
Sur scène, une taverne où sont attablés deux hommes qui fument et boivent avec convivialité. Grégoris Vassilia, originaire de Méthylène, joue du bouzouki et chante des complaintes amoureuses, accompagné par la guitare de Kostas Tsekouras. Sur la troisième chaise vient s’asseoir Ménélas, alias Abkarian, qui monte sur le plateau comme chargé d’un fardeau. Sa stature emplit immédiatement l’espace. Vêtu d’un élégant costume trois pièces sombre, cravate rouge et cheveux gominés, l’acteur, formé à la tragédie au Théâtre du soleil, incarne une douleur universelle, celle de l’homme trahi, abandonné par ce qui fondait sa force, et qui en devient une victime pitoyable.
Après avoir écrit et monté, en 2008, Pénélope, Ô Pénélope, qui s'emparait de l'histoire d'Ulysse, Simon Abkarian décide de s'in