Faut-il pleurer, faut-il en rire ? On sait que Molière interprétant Alceste se moquait allègrement de son personnage d'«atrabilaire amoureux» (sous-titre de la pièce). Et que Rousseau s'est chargé, au siècle suivant, de le réhabiliter : «Alceste est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien», écrivait-il dans sa Lettre à d'Alembert, en estimant «inexcusable» le traitement que lui avait réservé son auteur .
Il est vrai qu'Alceste présente, par rapport aux autres «extravagants» de Molière, que leur aveuglement rend ridicules (Orgon dans Tartuffe, monsieur Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme, Harpagon dans l'Avare, Arnolphe dans l'Ecole des femmes, etc.), une caractéristique gênante : il est intelligent. Et que la lucidité dont il fait preuve face à l'hypocrisie de son temps génère de la sympathie. Difficile dès lors d'échapper à la dimension tragique du personnage. Des mésaventures d'Alceste, au théâtre aujourd'hui, on pleure plus souvent qu'on ne rit, même si l'on passe éventuellement par les deux états. Cette oscillation, qui fait une partie du charme - et de la difficulté - de la pièce, le metteur en scène Jean-François Sivadier, qui présente à l'Odéon ce Misanthrope créé en janvier au TNB de Rennes, la relaie par une autre interrogation de poids. Should I Stay or Should I go ?, la chanson des Clash, qu'écoutent ensemble Alceste et Philinte en ouverture de la pre