Jeunes trentenaires inconnus lors de leur nomination en 2003, avec tous deux un profil de gestionnaires-programmateurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller ont, en dix ans, largement contribué à refaire d'Avignon un festival axé sur la création et la prise de risques. Sous leur direction, la manifestation inventée en 1947 par Jean Vilar et René Char s'est ouverte à une nouvelle génération de metteurs en scène européens, dont plusieurs ont été associés, via le système des artistes invités, à la programmation des différentes éditions. Archambault et Baudriller ont aussi accompagné le grand mouvement d'hybridation du théâtre contemporain au contact d'autres formes : danse, musique, performance, arts plastiques, numérique… A l'issue de l'édition 2013 du Festival, qui s'ouvre vendredi, ils laisseront la place à Olivier Py, aux conceptions a priori plus patrimoniales et conservatrices. Vincent Baudriller doit prendre la direction du Théâtre Vidy de Lausanne. Et il serait étonnant que les compétences d'Hortenses Archambault restent longtemps inutilisées. En exclusivité pour Libération, ils reviennent sur leur parcours.
Si l’on compare une photo d’il y a dix ans à une d’aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ?
Vincent Baudriller : A notre arrivée, nous étions confrontés à deux enjeux : renforcer les fondamentaux du Festival - le risque de la création et l'ouverture à un large public -, mais aussi questionner le rapport des spectateurs au théâtre. Nous partions de la conviction que le Festival était un laboratoire extraordinaire, mais qu'il n