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DeLaVallet Bidiefono, mémoires d’outre-tombe

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Festival d'Avignon 2013dossier
Dans «Au-delà», sur un texte de Dieudonné Niangouna, le chorégraphe congolais, plus vivant que jamais, convoque les morts.
publié le 4 juillet 2013 à 19h06

ABrazzaville, DeLaVallet Bidiefono répète dans une salle qui n’en est pas vraiment une, à l’intérieur d’une maison de quartier des années 50 qui sert également aux réunions politiques et aux évangélistes. C’est l’un des rares lieux que les artistes se partagent, les uns après les autres, en fonction des calendriers. Tous les matins, on peut le croiser le long du fleuve Congo avec les vingt-trois danseurs de sa compagnie créée en 2005, Baninga, qui est aussi une école et devrait devenir un centre chorégraphique pérenne. Dès que les murs seront construits avec l’argent des tournées, qui a déjà payé le plateau.

Funeste. DeLaVallet Bidiefono, né dans les années 80 à Pointe-Noire, s'est installé en 2001 dans la capitale pour «se distraire, pour oublier». Oublier les guerres et construire une danse de demain avec les jeunes, ne «pas copier la danse des Blancs, nouvelle colonisation». Il n'est pas un inconnu en France, où il a déjà présenté ses spectacles percutants, très physiques, d'une énergie incroyable, dressée contre la mort. «J'aime la mort, explique-t-il, mais je n'aime pas la façon dont on meurt ici : de la guerre, du palu, du sida, de la fièvre. On nous affame pour que l'on reste dans l'ignorance. Si tu as le sida, on te dit : "ne buvez pas de bière"… Non, je ne peux pas parler de la guerre, j'ai vu des tas de corps, du sang. Je ne peux pas en parler. J'ai perdu des proches, frères et sœurs. La mort est u