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Libération
Reportage

Dieudonné Niangouna, le vulcain du Congo

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Festival d'Avignon 2013dossier
En coulisses avec le metteur en scène congolais, artiste associé du Festival d’Avignon, qui préparait il y a quelques semaines «Shéda» à Brazzaville.
publié le 4 juillet 2013 à 19h06

Il est immobile, de dos, légèrement profilé. Dieudonné Niangouna, auteur et metteur en scène congolais, né en 1976 à Brazzaville, regarde son fleuve, le Congo, depuis la rive sur laquelle il habite, dans le quartier de Mpissa. Ou peut-être qu’il a les yeux dans le vide. Marre de regarder l’eau couler. A quoi peut-il penser ? A toutes ses histoires qu’il nous a racontées dans ses spectacles ou dans ses livres et qui font partie de l’histoire de la république démocratique du Congo, celle terrible des disparus du Beach, parmi tant d’autres atrocités perpétrées pendant les différentes guerres civiles qui ont ravagé le pays de 1997 à 1999 ? Et qui perdureront jusqu’en 2002, occupant à plein temps les barbares milices gouvernementales ou rebelles. Pense-t-il à ces 353 réfugiés à Kinshasa qui revinrent à Brazzaville après la guerre et furent massacrés dès leur retour, les victimes ayant été enfermées vivantes dans des conteneurs avant d’être jetées dans le fleuve ?

A cet endroit, où des rapides emportent tout sur leur passage, se trouve aussi une charmante guinguette. L'équipe du spectacle Shéda vient s'y décontracter chaque samedi en buvant des bières et en dansant. Dans quelle histoire s'abîme-t-il, Dieudonné Niangouna ? On lui touche le bras, c'est du béton. Niangouna est dur, lui-même rescapé de la forêt de Vinza où il crut trouver refuge et où il vécut les pires cauchemars, les pires angoisses. Comment être un survivant ? C'est la question qui traverse ses pièces, comm