Le jeu de l'oie fait partie des jeux de hasard pur, où la victoire est tributaire d'un coup de dés. Il vous suffit d'un lancer malheureux pour croupir indéfiniment en prison, voire retourner à la case départ. Parsemé d'embûches, le jeu de l'oie du spectacle vivant, installation présentée à Avignon, propose au joueur «d'expérimenter les vicissitudes et atermoiements qui jalonnent le parcours d'une création». Créé par Julien Fournet, en collaboration avec Antoine Defoort et Halory Goerger (qui présentent également Germinal), le jeu au ton espiègle se situe «entre le récit documentaire, l'outil propédeutique et une critique dérisoire du fonctionnement de l'économie du spectacle vivant». S'il peut prêter à sourire, il témoigne assez fidèlement du cheminement chaotique que représente la création d'un spectacle tout en esquissant un tableau quasi anthropologique de la profession.

Le jeu a été conçu en 2007, alors que les trois compères issus de disciplines différentes (philosophie pour le premier, arts plastiques pour le second et sciences de la communication pour le troisième) décident de se lancer dans le spectacle vivant. «Un domaine dans lequel nous étions autodidactes, admet Fournet, qui assure la direction de l'Amicale de production, une coopérative de projets qui édite des formats hybrides, à cheval entre les arts visuels et le spectacle vivant. Comme par ailleurs nous sommes de grands ludopathes, nous nous sommes mis à décortiquer les