C'est en 1982 que, jeune comédienne, Michèle Addala a débarqué quartier Monclar, à Avignon. Pas trop dépaysée. Elle avait grandi à 25 kilomètres, dans une autre cité, à Orange, fille d'immigrés (père algérien, mère espagnole) plus soucieux d'intégration que de racines et de livres que de télévision. Le goût du théâtre est venu tôt. A 12 ans, elle jouait Poil de carotte en bas des immeubles avec les parents aux fenêtres. Ses premiers pas d'actrice ne sont pas simples - «J'étais très timide, et souvent en conflit avec le metteur en scène».
Le quartier Monclar, Michèle Addala y était venue pour animer un stage de remise à niveau en français, via le théâtre. Impros, témoignages, en six mois, elle écrit un récit avec les participants, attentive à respecter leurs histoires. «J'ai toujours cherché une certaine transparence entre les personnes et les personnages, je n'aime pas quand ça fait théâtre.» Le stage se transforme en atelier permanent, relayé par la maison pour tous Champfleury.
Evasion. Le premier «vrai» spectacle s'inspire d'un fait-divers, le crime raciste du train Bordeaux-Vintimille, en incorporant d'autres éléments, textes poétiques, personnages énigmatiques, gestuelles inspirées de Michael Jackson. «On cherchait la stylisation, pas la reproduction du réel. Et on avait fait le voyage à l'envers, on partait de la rencontre avec les trois légionnaires, et on remontait dans le temps.» Suit un montage