L’Institut international du crime politique possède des antennes à Berlin, Cologne et Zurich, mais c’est à Dresde, en 2006, que Milo Rau en a eu l’idée. Il avait pour projet de reconstituer sur scène l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler au Wolfsschanze, en Prusse-Orientale. Une célèbre photo, prise après l’explosion de la bombe mal placée par le colonel von Stauffenberg, montre des dignitaires nazis, dont Göring et Bormann, dans un enchevêtrement de planches et de meubles brisés. Milo Rau avait aussi en tête la série des peintures de catastrophes d’Andy Warhol. Le projet n’a pas été retenu, mais son auteur a gardé le nom, «International Institute of Political Murder», pour sa maison de production avec laquelle il crée des pièces, des films ou des installations.
«Le début d’une grande amitié avec l’obscur»
La politique, Milo Rau est tombé dedans très jeune via un beau-père militant actif de la IVe Internationale et musicien de jazz. A 12 ans, Milo lisait la Jeunesse de Lénine et Ma Vie, de Trotski. Six ans plus tard, il participe à Zurich et Genève aux premières manifestations du mouvement altermondialiste. «C'est là que j'ai fait mes débuts dans la mise en scène. J'étais chargé d'imaginer les parcours : pourquoi telle rue plutôt que telle autre, devant quelle maison s'arrêter, quel discours pour quel lieu ? Comment donner forme à un rassemblement de 10 000 personnes ?»
Entre engagement et esthétique, Milo Rau n'a jamais fait la différence. Etudiant à Paris après avoir passé un