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Libération
Critique

Angélica Liddell sort de ses gongs

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Avignon. La performeuse espagnole présente jusqu’à jeudi les deux derniers volets de son triptyque sur la Chine, qui la fascine autant qu’elle la révolte.
«Ping Pang Qiu» d'Angélica Liddell. (Photo Christophe Raynault de Lage / Festival d'Avignon)
publié le 8 juillet 2013 à 19h56
(mis à jour le 9 juillet 2013 à 9h12)

De l'île d'Utoya, où Anders Breivik assassina 69 jeunes gens, à Neverland, l'île de Peter Pan, ce sont deux lieux où les individus ont cessé de grandir, de vieillir. Entre la valse des bicyclettes chinoises Forever et celle désolée, presque désossée, de l'Origine de la tristesse humaine, Angélica Liddell, auteure, comédienne et metteure en scène espagnole régulièrement invitée au Festival d'Avignon, a l'habitude de mêler les registres, les références, quitte à ce qu'ils se télescopent.

Les deux derniers volets de sa trilogie sur la Chine, démarrée en 2011 par un abécédaire de la méfiance, sont présentés jusqu'à jeudi. Dans Ping Pang Qiu, elle revient à l'époque de Mao, sa révolution culturelle, son petit livre rouge et son célèbre ballet sur pointes avec armes au poing pour constater l'ampleur du désastre et les marques indélébiles laissées par l'autoritarisme et la propagande. Dans la scène 15, «le ping-pong est le sport national en Chine, est-il dit. Les autorités sportives chinoises ont imposé à leurs joueurs des codes de conduite très stricts. L'année dernière, six membres de l'équipe nationale ont été expulsés pour avoir enfreint l'une des principales interdictions : avoir des relations amoureuses entre camarades» (1).

On aimerait que la pièce aborde plus encore la Chine d’aujourd’hui, celle des jeunes pour lesquels Mao est une sorte de relique encore adulée, mais relique quand même. Plus intéressant est le désir de l’autre, omniprésent