Peut-être pour ne pas ennuyer le public, Faustin Linyekula est assis sur un banc et s'adresse à une marionnette. Elle est blanche comme lui est noir, de la RDC (république démocratique du Congo), ex-Congo belge, ex-Zaïre. Il voudrait bien ne pas raconter les atrocités, les guerres, la pauvreté. Mais dans son spectacle, Drums and Digging («tambours et creusant»), le chorégraphe, qui a créé en 2001 les Studios Kabako, collectif interdisciplinaire à Kinshasa avant de s'installer à Kisangani, tourne autour du pot. Les sept danseurs et comédiens, dont lui-même, ne jouent pas ensemble, n'ont pas les coudées franches, empêtrés dans leur propre histoire. La danse ne croit pas en son pouvoir, hésite, se tient sur les bords et du coup laisse le champ libre à un théâtre plutôt usé : un peu de texte, un peu de musique, un peu de pas, un peu de costume, un peu de contemporain, un peu de tradition…
Plus intéressant, c'est néanmoins dans ce théâtre que Linyekula, avec l'aide de la scénographe et architecte Bärbel Müller, construit sa maison. Ce n'est pas le palais que Mobutu édifia à Gbadolite, avec son aéroport où le Concorde pouvait atterrir, mais un squelette en bois, qui se dresse progressivement avec des acteurs-charpentiers. Car, c'est dans une cour ouverte sur les bruits de la ville que les Studios Kabako se sont logés et servent depuis deux ans de lieu de travail. «Sur une grande parcelle, rapporte Linyekula, s'est installée une scène à ciel ouvert, entourée d'