ACuba, un proverbe dit : «Petit village, grand enfer.» Ce proverbe doit exister en Belgique. La troupe de Jan Lauwers le fait vivre en électrocutant le cloître des Carmes pendant deux heures quinze. Jan Lauwers est né à Anvers, la ville de Rubens.
Un jour, un fou y a éventré le portrait d'Hélène Fourment, la jeune femme du peintre, comme on vitriole le visage d'une prostituée. Lauwers avait présenté à Avignon, en 2004, un spectacle mémorable : la Chambre d'Isabella.
Il va assez loin dans la violence, la laideur, le comique, pour que ce ne puisse être que formidable ou raté. Place du Marché 76 n'est pas raté. C'est l'histoire d'un village, de ses drames, de ses crimes, de ses habitants, de ses amours et de ses morts.
Une joyeuse danse macabre sous projecteurs ostensibles, à dominante orange, comme la couleur des maillots de foot de l'équipe néerlandaise. Il y a des balais, des serpillières, des micros mal réglés, un radeau fait d'horribles animaux pneumatiques, un mort dont le squelette vivant pend et proteste, des chansons aussi fausses et aussi justes que les plaintes les plus profondes. C'est à la fois une comédie musicale, un sketch télévisé, un reality show, un spectacle de variété, un numéro de l'émission Strip-Tease, un snuff movie, une bande dessinée, la foire du Trône, un film de Ken Russell ou de la bande à Dogma. La mayonnaise prend et ne retombe plus. Quand il ne joue pas assis de la guitare électrique, Lauwers présente su