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Critique

Berlin et Abidjan en «coupé- décalé»

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Avignon. Fruit de l’entente entre artistes ivoiriens et allemands, trois pièces revisitent l’histoire, entre performances et théâtre documentaire.
publié le 11 juillet 2013 à 22h26

La première rencontre est la moins improbable. Monika Gintersdorfer, la metteuse en scène, vient de Hambourg, Knut Klassen, le plasticien, de Berlin. Ils collaborent régulièrement depuis plusieurs années. La deuxième est plus inattendue. Une nuit, dans une boîte de Hambourg, Monika Gintersdorfer tombe sur un night clubber ivoirien à la gestuelle et au look étonnants. Par son intermédiaire, elle rencontre plusieurs autres adeptes du «coupé-décalé», mouvement né dans la diaspora ivoirienne d’Europe, à la fois danse, musique, et façon d’être.

L’expression «coupé-décalé» ne renvoie pas à une chorégraphie, mais à l’argot de rue ivoirien ; «couper», c’est, entre autres, voler à l’arraché, et «décaler» peut se dire aussi «faire basket», c’est-à-dire partir en courant sans payer. Par extension, et dans le milieu de l’exil, les mots ont pris des sens plus généraux, «couper», c’est gagner de l’argent, d’une façon ou d’une autre, «décaler», l’envoyer par mandat au pays. Un troisième terme vient clore le cycle, qui lui se passe d’explication : «travailler».

Phénomène. A mesure qu'elle en apprend plus sur le «coupé-décalé», Monika fait de nouvelles connaissances, notamment Franck Edmond Yao, alias Gadoukou la star, cofondateur de «la Jet Set», groupe né à Paris, qui se caractérise non seulement par une façon de s'habiller mais aussi par un comportement hors normes. De là naît une connexion germano-ivoirienne aux conséquences inattendues. Gintersdorfer-