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Libération
Critique

«Z’avez pas aut’chose à voir ?»

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Avignon . Un parcours interactif dans la ville, imaginé par le metteur en scène Stefan Kaegi.
«Remote Avignon» de Rimini Protokoll / Stefan Kaegi. (Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon)
publié le 11 juillet 2013 à 22h26

Ça commence dans un cimetière et ça finit dans un théâtre : de la mort à la renaissance, un vrai parcours d’acteur. Mais il ne s’agit pas d’acteurs : le groupe, que la voix baptise «la horde», compte six fois par jour cinquante spectateurs. Ce sont des spectateurs particuliers ; des participants. Coiffés chacun d’un casque, ils suivent le parcours à travers la ville imaginé par l’Allemand Stefan Kaegi et son Rimini Protokoll.

Pendant deux heures, du cimetière au parking, du supermarché à l’université, de la petite place au centre-ville et au théâtre. Ils circulent dans les rues, suivent les injonctions que la voix douce leur donne, douce comme s’ils étaient déjà de pauvres morts : s’arrêter ici, courir là, applaudir ailleurs, observer fixement les gens ou les saluer ; du même coup, tout voir autrement, de façon plus attentive et plus flottante.

Les spectateurs interactifs font l'expérience sensible de leur virtualité. Les enfants adorent : ils savent jouer à tout ce qu'on leur dit qu'ils ne sont pas. Qu'attend-on de ce genre d'expérience ? Qu'elle permette de faire un pas de côté. Elle le permet. Le cimetière Saint-Véran, hors les murs de la citadelle, est assez beau. La voix, féminine, dit : «Bienvenue dans le cimetière. Cherchez une pierre tombale qui vous convienne. Vous avez le temps.» Les cinquante se dispersent, chacun devant sa stèle. La voix dit : «Qui est enterré ici ? Quel nom résume cette vie ? Votre vie sera-t-elle plus longue que celle-ci ? Ou bien vo