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Critique

Stemann creuse son Faust

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Festival d'Avignon 2013dossier
Avignon. La pièce de Goethe est explorée pendant 8 h 30.
publié le 12 juillet 2013 à 20h56

Mémorable voyage. Pas seulement par sa durée (huit heures et demie, trois entractes compris), mais par sa diversité. L'année dernière, Nicolas Stemann était venu présenter au festival les Contrats du commerçant, un texte d'Elfriede Jelinek. Il raconte très précisément la crise des subprimes, ce qui est d'autant plus troublant qu'il date de 2008, au tout début de ladite crise. S'emparant de cette «comédie économique» sans personnage ni dialogue, Stemann et la troupe du Thalia Theater d'Hambourg transformaient la scène en immense foutoir, dans une surenchère carnavalesque, respectueuse du texte et pourtant pleine d'irrévérence.

Un mélange que l'on retrouve tout au long de la représentation de Faust, ou plutôt des deux Faust, donnée à la Fabrica. La version définitive du Faust 1 a été publiée en 1808, c'est celle qui est le plus souvent jouée, c'est aussi celle qui a été connue le plus tôt en France, grâce à la traduction de Nerval. Au Faust 2, Goethe a travaillé tout le reste de sa vie, sans jamais l'achever, comme une fresque monstrueuse, d'un accès particulièrement ardu, et à ce titre réputée injouable.

Dans le spectacle de Stemann, l'embarquement pour Faust commence dans le plus parfait dépouillement. Du théâtre à la bougie, avec un acteur qui, le livre à la main, dans une édition grand public, se lance dans le texte en solo avec brio mais humilité. Sebastian Rudolph interprète les deux prologues. Il est Dieu et M