Dans Golgota Picnic, son précédent spectacle, les hamburgers grouillaient de vers de terre. Daisy, créé cette semaine aux haras d'Annecy par Rodrigo Garcia, abrite une cohorte de cafards, agglutinés au sommet d'une grosse caisse et filmés live. En espagnol, hormis une célèbre chanson mexicaine, le mot cucaracha n'évoque rien d'autre que l'animal rampant qui répugne. En français, l'interprétation métaphorique affleure. Daisy est une pièce cafardeuse, l'une des plus sombres de l'auteur et metteur en scène hispano-argentin.
Dompteur. D'autres animaux occupent le plateau : des escargots - qui colonisent une autre grosse caisse -, une tortue d'eau et deux petits chiens de bonne composition, que les deux acteurs utilisent à l'occasion comme partenaires de danse. Un autre chien, monumental, trône sur scène, œuvre du plasticien Cyrill Hatt à base de photographies agrafées. La cohabitation avec les bêtes est une constante dans les pièces de Garcia, où leur compagnie n'est d'aucun réconfort. Toutous, reptiles, mollusques ou blattes, le bestiaire de Daisy renvoie à la solitude et à la pourriture.
Au milieu, deux humains donc, l'un bavard (Gonzalo Cunill), l'autre presque muet (Juan Loriente), cousins du duo bizarre de Muerte y Reencarnación en un Cowboy, pièce de 2010 carburant aussi à une certaine tristesse. Les cafards, Gonzalo a entrepris de les dresser : «J'avais échoué avec les femmes, j'