Le public du spectacle de Katie Mitchell donné à l'Odéon se divisera peut-être en deux catégories. Ceux qui découvrent le travail de la metteuse en scène anglaise installée à Berlin, et ceux qui ont déjà vu certains de ses précédents spectacles, notamment Reise Durch die Nacht, présenté lors du dernier Festival d'Avignon.
Les premiers seront sans doute emballés par l’intelligence et la virtuosité technique du mélange entre théâtre et cinéma, où Katie Mitchell excelle. Imbriquant les deux genres - on regarde le film, tout en assistant à son tournage -, les acteurs (muets) sont relayés par leurs doubles qui disent leurs textes au micro, et l’on suit aussi le ballet des techniciens occupés à tourner et à réaménager sans cesse les yeux. Il y a dans tout ce dispositif une fluidité qui fascine autant que l’excellence des acteurs.
Ceux qui sont déjà familiers de l'univers de Katie Mitchell, en revanche, risquent de se sentir en terrain un peu trop connu, comme si l'esthétique était la même quel que soit l'objet. A savoir, ici, un roman américain de la fin du XIXe, publié en français en 1976 aux Editions des Femmes, qui raconte la plongée dans la folie d'une jeune mère qui passe des heures dans sa chambre à contempler le papier peint. Plongeant dans les motifs, elle y lit des signes alarmants, mais y découvre aussi une prisonnière qu'elle entreprend de libérer. La mise en scène de Mitchell reconstitue tout de façon ultraréaliste, et d'abord le papier peint jaune qu