Joris Lacoste met en scène à Paris Parlement et Suite n°1 «ABC», créations du collectif l'Encyclopédie de la parole, dont il est le cofondateur.
Comment est née l’Encyclopédie de la parole ?
Le projet a vu le jour en 2007 aux Laboratoires d’Aubervilliers, dont j’étais à l’époque codirecteur. Il est né de l’intérêt partagé d’un groupe de personnes pour la parole sous toutes ses formes. Certains étant plus axés sur la poésie sonore, d’autres collectionnant des cours de philosophie au Collège de France ou enregistrant des choses très diverses, moi-même aimant à mettre en relation des documents relevant de contextes différents. Cela nous a amusés de comparer nos approches, d’établir des correspondances entre nos documents sur la base de leur forme, par exemple rapprocher un cours de Deleuze d’un commentaire sportif.
Comment cela a-t-il fonctionné en pratique ?
La première étape a été d’inviter à Aubervilliers des collectionneurs, ou plutôt des collecteurs de documents sonores, ainsi que des gens d’horizons divers : sociologues, cinéastes, journalistes… Chaque mois, on se réunissait autour d’un critère : la cadence, les répétitions ou la ponctuation, essayant de voir comment chacune de ces notions pouvait associer divers enregistrements. Durant la première année, nous avons demandé à des artistes sonores - compositeurs ou réalisateurs de radio par exemple - de faire des montages à partir des documents réunis, ce qui était une manière de partager ce travail, mais aussi de découvrir des parentés entre enregistrements. Nos deux grands principes ont donc ét