Yan Duyvendak, cometteur en scène, artiste et performeur néerlandais, explique la démarche de Please, continue (Hamlet).
Comment est venue l’idée de ce spectacle-procès ?
Avec Roger Bernat, nous avions été impressionnés par les procès-verbaux de Guantánamo, une vraie parodie de justice. Ils glacent le sang. C'est de là que vient le titre de la pièce, Please, continue. Les juges n'arrêtaient pas de répéter à ces pauvres types, qui pour la plupart ne parlaient même pas anglais, «Please, continue, please, continue». Nous avons d'abord essayé d'amener ces procès-verbaux dans la fiction. Sans succès. Nous nous sommes dit qu'il fallait plutôt amener un texte de fiction dans le réel. D'où ce pari un peu fou de tenter de convaincre une équipe juridique de construire un faux procès comme un vrai, à partir d'une fiction.
Pourquoi de vrais professionnels de la justice ?
Il y a une tradition en France des concours d’art oratoire. Beaucoup d’avocats prennent des cours de théâtre ou du moins de rhétorique dans le cadre de leur formation. On a pensé s’appuyer là-dessus. La première se déroulait à Genève, au Grütli, et dans ce pays calviniste, elle s’est plutôt très bien déroulée !
Pourquoi Hamlet ?
On a rapidement décidé de prendre un grand texte, du Shakespeare, hésitant longtemps entre Othello et Hamlet. Notre choix s'est porté sur Hamlet, parce qu'il y a cette mise en abyme dans la pièce, où Hamlet monte une pièce de théâtre pour montrer que son oncle aurait tué son père. Après, on a obtenu un dossier d'instruction d'un cas réel qui s'apparentait à l'