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Libération
Critique

Le roi des nains en son marais urbain

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Théâtre. En équilibre sur un fil, Philippe Quesne signe un conte poétique et loufoque sur le monde contemporain.
publié le 8 novembre 2013 à 19h56

Autre création du dernier festival d'Avignon, Swamp Club est repris au Théâtre de Gennevilliers, dans le cadre du festival d'Automne. Cette nouvelle production du Vivarium Studio qu'anime Philippe Quesne a pour cadre un improbable centre d'art contemporain installé au milieu d'un marécage. Les artistes accueillis en résidence ont des activités floues, hormis le Quatuor Odéon, qui y répète (selon des modalités aléatoires).

Sur un écran défile - en français et en allemand - une légende qui raconte la transformation du roi des nains souterrains en taupe. Hôtesse des lieux, Isabelle organise des visites guidées à l’intention de délégations étrangères et vante les mérites du sauna.

On retrouve dans Swamp Club une grande part de la singularité de l'univers de Philippe Quesne, et d'abord le refus de céder à la frénésie de l'action et du sens ; mais aussi un sens certain de l'humour, décalé, loufoque, minimaliste, où l'on reconnaîtra des échos de Tati et de Marthaler. Un univers en équilibre sur un fil : trop d'inaction et l'ennui guette, trop d'explications et le mystère s'évapore. Même si le spectacle a tendance, à mesure qu'il avance, à pencher de ce dernier côté, le charme opère, via l'identification à des acteurs manifestement déroutés face aux usages du monde - machines, objets - et occupés à réinventer les gestes et les occupations les plu