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Libération
Critique

«Par les villages», le retour de l’écrivain prodige

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Scène. La Colline reprend la pièce de Handke montée par Stanislas Nordey à Avignon. Un western métaphysique très bien interprété.
publié le 8 novembre 2013 à 19h56

En juillet, peu avant la création du spectacle dans la cour d'honneur du palais des Papes, le metteur en scène Stanislas Nordey disait craindre dans Libération que «les spectateurs se déshabituent peu à peu de la difficulté». De fait, Par les villages, le long poème scénique écrit par Peter Handke à la fin des années 70, ne mâche pas le travail au public. Et Nordey, qui a toujours le plus grand respect des textes qu'il monte, n'est pas du genre à multiplier les enluminures scéniques.

Pas de crainte pourtant : les trois heures trente de Par les villages, repris à la Colline, n'ont rien d'une purge. Le texte raconte le retour dans sa petite ville natale d'un écrivain «solitaire intempestif». Il y retrouve sa famille prolétaire - son frère ouvrier, sa sœur vendeuse - et a le plus grand mal à renouer les fils. Ce western métaphysique, qui enchaîne les monologues, suscite une forme de fascination et réserve des moments particulièrement réussis, dont le monologue de Hans, le frère ouvrier qu'interprète Nordey, ou les interventions d'Annie Mercier, qui joue l'intendante du chantier et fait résonner à merveille l'ironie de Handke. Un changement notoire par ailleurs dans la distribution par rapport à Avignon : Claire Ingrid Cottanceau remplace Jeanne Balibar pour interpréter Nova, dont le monologue au cimetière clôt la pièce.