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Libération
Critique

«The Old Woman», étoiles en piste

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Bob Wilson met en scène Willem Dafoe et Mikhaïl Barychnikov, au Théâtre de la Ville à Paris, dans une adaptation de plusieurs textes du poète russe satirique Daniil Kharms.
publié le 10 novembre 2013 à 20h56

Deux clowns en prologue sur l’avant-scène, costumes noirs, visages plâtrés surlignés de charbon et de rouge, un tortillon de cheveux dressé sur un côté du crâne. L’un, Mikhaïl Barychnikov, est l’un des plus grands danseurs de la deuxième moitié du XXe siècle, l’autre, Willem Dafoe, un acteur de théâtre new-yorkais devenu l’une des figures du cinéma hollywoodien. Trois petits tours, un entrechat, une marche au pas cadencé, ils surgissent et disparaissent comme des diables des coulisses, meneurs d’une revue où s’entrecroisent les références picturales, de l’expressionnisme berlinois des années 20 aux films de Tim Burton, tandis que la bande-son décale et distorsionne claquements de langue et bruits de pas. Bienvenue au Bob Wilson Circus.

Mômes. Si la parade est belle, la suite est époustouflante et la référence au cirque bien plus qu'anecdotique. Figures singulières en miroir, «A» et «B», les duettistes, sont des jongleurs, des trapézistes, des contorsionnistes, des pitres, mais aussi, et peut-être surtout, des mômes qui s'amusent à se jouer des tours. On est en plein cauchemar pourtant : le lit aux lignes brisées ne présage pas un bon sommeil, la valise géante qui change de couleur par magie n'a rien de rassurant, bras et jambes qui s'agitent, grincent comme des portes rouillées. Mais la mécanique ici à l'œuvre est constamment trempée dans l'humour. Soucieuse de perfection géométrique, toujours impeccablement dessinée, l'esthétique wilsonienne a pu parfoi