Qu'est ce que cette chose que l'on appelle le capital ? Et si elle existe, peut-elle s'incarner sur un plateau de théâtre ? Car quoi de plus immatériel, fuyant, fantasmant que cette finance internationale qui domine tout et qu'on ne voit nulle part. Deux pièces jouées en parallèle au théâtre du Rond-Point tentent de prendre à bras-le-corps cette question : Elisabeth ou l'équité, de l'écrivain Eric Reinhardt, mise en scène par Frédéric Fisbach, et Chapitres de la chute, Saga des Lehman Brothers, de l'Italien Stefano Massini, montée par Arnaud Meunier, le directeur de la comédie de Saint-Etienne. Deux pièces qui se complètent plus qu'elles ne se ressemblent. Et deux spectacles aux ambitions diamétralement opposées.
La première revendiquerait presque la modestie de sa forme : la chronique, finalement banale, d'un plan de restructuration d'une grosse PME française, ATM, détenue par un fonds d'investissement américain. La seconde voit, elle, très grand, en se proposant ni plus ni moins de raconter la naissance du capitalisme financier à travers la saga familiale de la banque d'affaires Lehman Brothers, créée par trois frères juifs allemands, au milieu du XIXe siècle, à partir d'une vulgaire boutique de tissus en Alabama.
«Pédagogique». Ces deux projets ont en commun leur rigueur documentaire, confinant à la mission «pédagogique». Mais encore faut-il ne pas s'en contenter. Et c'est ce qui va départager les deux pièce