Mpumelelo Paul Grootboom n’est ni le plus doué ni le plus célèbre des auteurs/metteurs en scène de sa génération. Il n’empêche qu’à 38 ans, le personnage est en train de creuser le sillon d’un théâtre engagé et grinçant, qui se coltine sans œillères la réalité de la société noire post-apartheid. Présenté de façon simpliste comme le «Tarantino sud-africain», Grootboom tient un coriace discours identitaire qui le rapprocherait plutôt en réalité d’un Spike Lee.
Créée en 2009, Foreplay, son adaptation trashy de la Ronde, de Schnitzler, avait tourné en Europe, notamment à Paris, à la Villette. Où il aligne deux spectacles en décembre : Township Stories et Rhetorical. Joué jusqu'à samedi dernier, le premier se présente, sous la forme d'une enquête policière, comme une descente à la fois crue et sarcastique dans les ghettos où se cristallisent tous les fléaux (pauvreté, chômage, violence, inceste, sida, alcoolisme, corruption…).
Le second, programmé d’aujourd’hui à vendredi, privilégie un angle plus politique, à partir du décorticage de discours de l’ex-président Thabo Mbeki, qui avait succédé à Nelson Mandela de 1999 à 2008.
Pourquoi vos pièces insistent-elles tant sur la face sombre de la société sud-africaine ?
Mon intention de départ était de mettre en évidence cette réalité des townships rarement montrée, du moins dans un contexte artistique. Certes, j’y inclus une forme de cynisme, mais cela n’en reste pas moins, hélas, très proche de ce que vivent les gens. N’oublions pas que, d’un point de vue politique, les townships ont été cré