Il n'y a pas de tigres dans El Tigre, la nouvelle pièce d'Alfredo Arias. Situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires, le delta qui porte ce nom est un lieu de villégiature et une fascinante réserve naturelle aux portes de la grande ville. Dans le décor conçu par Elsa Ejchenrand et José Cuneo, on aperçoit d'ailleurs, à l'horizon du marais, une ligne de gratte-ciel. Pas de fauves dans le spectacle donc, mais une série de créatures plus ou moins fréquentables, vampires, Martiens et autres morts-vivants.
Paillettes. Meneur de revue gentiment méphistophélique, Arias explique au prologue, à l'avant-scène, que son spectacle s'inspire des pantomimes de Noël dont sont friands les Londoniens. Le metteur en scène puise surtout dans les hottes de la comédie musicale et du cabaret travesti pour signer un show qui entremêle joyeusement élégance, mauvais goût et n'importe quoi. L'ombre de Copi veille sur cet univers foutraque, temple à paillettes d'un absurde gay où Arias est particulièrement dans son élément, lui qui s'est toujours refusé à prendre le théâtre au tragique et à le séparer du music-hall. El Tigre se veut ainsi, selon ses termes, «une comédie loufoque avec des chansons».
L'histoire - pour laquelle René de Ceccaty a épaulé Arias - est suffisamment abracadabrante pour qu'on ait envie d'en livrer des éléments. Dans une maison du Tigre, un soir d'orage, deux «cinéfolles» prétendent reconstituer <