Sur le fronton du Théâtre d'Art de Moscou, le MKhAT, la mouette de Tchekhov veille. Le magnifique bâtiment art nouveau, situé à deux pas de la place Rouge, n'a rien de clinquant. Sobre, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur boisé, avec les photos des ancêtres, dont celle du «Docteur» Tchekhov et de Constantin Stanislavski qui le co-fonda avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko en 1897, il n'est comparable à aucun autre dans une ville qui pourtant ne manque pas de théâtres. L'histoire y vit au quotidien, et les jeunes acteurs de sa célèbre école créée en 1905 par Stanislavski, puis confiée à un de ses élèves, Meyerhold, y construisent pas à pas, mot à mot, leur théâtre de demain, charpenté, vif, physique et profond. Dans les couloirs de l'école, des étudiants apprennent leur texte, debout. L'un d'entre eux guide la visite prestement, car il devrait être en cours. Aussi bon en RP qu'en comédie, Boris nous emmène dans un studio de bois blanc, une petite pièce (environ 70m2) qui sert aux répétitions de tous les élèves de l'école (1). «Voilà pourquoi c'est un peu le bazar partout, dit Boris, j'ai même répété dans les toilettes, comme nous tous.» Difficile de faire plus petit pour une si grande école. Mais c'est peut-être à force de se cogner contre ses murs de bois blanc que le comédien s'empare ensuite avec appétit de l'espace scénique.
Une vingtaine d’acteurs y ayant fait leurs classes composent aujourd’hui le Studio 7, qui fonctionne comme une compagni