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théâtre

Delaunay métisse la danse

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Transfuge du classique, la chorégraphe explore le répertoire créole et noir américain.
Raphaëlle Delaunay, le 28 novembre. (Photo Martin Colombet)
publié le 9 janvier 2014 à 17h06

La belle ne fut jamais au bois dormant. La danseuse et chorégraphe Raphaëlle Delaunay, 37 ans, que l'on peut suivre cette année avec une création, Chez Joséphine, un solo, Debout ! et un duo, Ginger Jive (1), progresse à son rythme pour définir son propre langage et s'ouvrir à des danses souvent oubliées, comme celle du répertoire créole ou noir américain. Jamais en arrêt, ne cherchant plus à atteindre l'excellence, bien qu'elle demeure combative, elle est métisse à tout point de vue. Une position inconfortable qui pousse à trouver un équilibre à chaque pas.

Jalouses. Pas assez blanche donc, et pas assez noire, née troisième de quatre enfants dans une HLM de la banlieue chic de Levallois-Perret, d'une mère alsacienne et d'un père martiniquais engagés à gauche, elle est plutôt du genre active et pratique l'athlétisme de compétition. Elle quitte sa banlieue très tôt, intégrant à 10 ans l'internat de l'école de l'Opéra de Paris. «C'est là, raconte-t-elle, que j'ai mesuré mes capacités de résistance. J'entrais dans une corporation avec ses règles. J'étais à l'école de l'excellence, où j'ai compris très vite les notions de rivalité et de compétition. On y subit des humiliations, mais ça fait partie du jeu et tous les élèves le savent.» Aux remarques désobligeantes de l'intérieur s'ajoutent celles de l'extérieur. Les mamans jalouses qui couvent leurs futures étoiles à défaut d'avoir été elles-mêmes la suprême