Menu
Libération
théâtre

«Van den vos», nos ennemis les hommes

Article réservé aux abonnés
Revu par la compagnie flamande FB Bergman, ce «Roman de Renart» effraye et émerveille.
publié le 9 janvier 2014 à 17h06

Oubliez la version de Jeanne Leroy-Allais, mise en dessins par Benjamin Rabier en 1909, ou le Brun l'ours réimaginé par Samivel dans les années 30. Oubliez le goupil se jouant des autres animaux à coups de farces plus ou moins innocentes, même si le museau tuméfié de Brun se voyant refuser l'ouverture de la porte de chez lui par sa femme qui ne le reconnaît pas avait de quoi alimenter les terreurs enfantines. Le Roman de Renart revisité par la compagnie flamande FC Bergman pourrait émarger à la catégorie «pour adultes avertis» ; il ne tient ni du conte, ni de la bande dessinée, ni de l'illustration pittoresque. Retournant aux sources - même si la notion de texte originel n'a pas grand sens, s'agissant d'un ouvrage rédigé par des auteurs variés à partir du XIIe siècle -, le FC Bergman exhume un univers gangrené par la violence, les règlements de compte et la folie meurtrière. La présentation des personnages, qui figure au début du livre, est sans ambiguïté. Renart, «maître en fourberies» au «naturel malfaisant», a «pour oncle sire Ysengrin, homme de sang et de violence, patron de tous ceux qui vivent de meurtre et de rapine», lui-même flanqué de «Dame Hersent, digne épouse du larron Ysengrin, cœur rempli de félonie, visage rude et couperosé». Dame Richeut, la femme de Renart, ne vaut pas mieux. En bref, un quarteron de salopards, qui servent de modèles aux animaux, et non l'inverse. «Renart est aux hommes ce