Des Fausses Confidences, Louis Jouvet faisait ce résumé brutal : « L'affaire se passe dans une journée. Un beau matin, un jeune homme se présente comme intendant chez une jeune et riche veuve dont il est amoureux. Il a de longue main préparé ses batteries pour arriver à se faire aimer car il a introduit dans la place son ancien maître d'hôtel : grâce à cette complicité, il va dans la journée, et en un tour de main, cambrioler le cœur de la jeune femme. Je ne sais pas de spectacle plus éprouvant pour la dignité humaine.» Jouvet exagérait : si Dubois, l'ancien maître d'hôtel, est bien un manipulateur, Araminte, la «jeune et riche veuve», n'est pas une victime. Et l'heureux dénouement, un mariage d'amour entre le jeune homme pauvre et la jeune femme riche, ne constitue pas à première vue un attentat contre «la dignité humaine». Mais le comédien n'avait pas tout à fait tort : la progression de l'intrigue distille un malaise certain. Jean-Lous Barrault, qui mit en scène et interpréta les Fausses Confidences en 1947 avec Madeleine Renaud (le spectacle resta plus de quinze ans au répertoire de la compagnie), décrivait très bien l'effet produit : «Lorsqu'on joue Marivaux, l'atmosphère du théâtre, au début, ne laisse pas croire qu'on est en train de s'échauffer, et tout d'un coup, comme lorsque le blanc d'un œuf se met à prendre, une immense bouffée de chaleur envahit le théâtre et la salle entière […] se met à bouillir suavement.»
Critique
«Fausses Confidences» à l’étouffée
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Manon Combes, Isabelle Huppert et Bulle Ogier. (Photo Pascal Victor)
par René Solis
publié le 19 janvier 2014 à 18h16
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