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Théâtre

«La Chinoise», cellule réactivée

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A Bobigny, Michel Deutsch transpose le film de Jean-Luc Godard en un huis clos pesant de jeunes intellos d’aujourd’hui.
«La Chinoise», avec Géraldine Dupla, Lola Riccaboni, Pascal Sangla, Zoé Schellenberg, Julien Tsongas. (Photo Isabelle Meister )
publié le 19 janvier 2014 à 18h16

A 20 ans, on ne laisse personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Le monde est souvent refait en chambre, celui qui existe méritant au mieux d'être détruit. En 1967, enthousiasmé par la jeunesse et le maoïsme, l'éclaireur sioux Jean-Luc Godard tourne la Chinoise. Quatre acteurs, dont Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto et la jeune compagne du cinéaste, Anne Wiazemsky, qui a raconté le tournage dans Une année studieuse (Folio). On filme dans son appartement parisien de la rue de Miromesnil (VIIIe), que Godard a fait repeindre dans de splendides rouges et bleus pour l'occasion. Il faut mettre des pantoufles avant d'entrer. Des tirages du Petit Livre rouge sont disposés partout.

Les actrices, en costume mao ou pas, sont d'une beauté à détruire le décor. La Fiat verte qui conduit Véronique (Wiazemsky) vers son destin de meurtrière politique amateur appartient au cinéaste. Les couleurs parlent du cœur et les bouches parlent slogans. Godard monte et montre, en huis clos, un an avant Mai 68, sans psychologie ni cohérence apparentes, l'état de la jeunesse. Il y a une partita de Bach et Mao Mao, cette chanson tellement kitsch de Claude Channes.

On retrouve l'une et l'autre dans la Chinoise 2013, que Michel Deutsch a écrit et met en scène à Bobigny. Le spectacle dure une heure quarante. Voir ou revoir le film paraît indispensable, non pas à sa compréhension, mais à sa mise en perspective.

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