Ce fut un des beaux moments du XXe siècle : le danseur Jean Babilée créant, en juin 1946 au Théâtre des Champs-Elysées, le mimodrame de Cocteau le Jeune Homme et la Mort. Le jeune homme est mort jeudi à Paris à l'âge de 90 ans, d'un cancer, après une carrière qui procura bien d'autres enchantements. Babilée, l'un des danseurs les plus éblouissants de son temps, était encore sur scène en 2003, à l'âge de 80 ans, dans Il n'y a plus de firmament !, le spectacle du chorégraphe Josef Nadj.
Ceux qui ignorent qui fut ce danseur d'exception se tourneront vite vers le Mystère Babilée, film de Patrick Bensard, dont plusieurs extraits sont disponibles sur YouTube. On l'y voit en particulier danser comme si sa vie en dépendait, aux côtés de Nathalie Philippart (future mère de sa fille), dans ce Jeune Homme et la Mort qui le révéla.
Formé avant-guerre à l’école de danse de l’Opéra de Paris, Jean Babilée, de son vrai nom Gutman, sortait de plusieurs années passées dans la Résistance. Il venait alors de rejoindre les Ballets des Champs-Elysées de Roland Petit et Janine Charrat, il explosait à 23 ans. Puis il chorégraphia lui-même, fut étoile de l’Opéra de Paris, fonda sa propre compagnie en 1956, se produisit de l’Opéra de Paris à la Scala de Milan. A partir des années 60, on le vit au théâtre et au cinéma chez Georges Franju, Michel Drach, Henri Bromberger.
Ce «Gérard Philipe de la danse», ce «fou dansant» avait une grâce de fé