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«Le théâtre, musée pour nos perceptions»

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Rencontre avec Heiner Goebbels, compositeur et metteur en scène, invité de Musiques en scène à Lyon.
«Stifters Dinge». (Photo Mario del Curto )
publié le 6 mars 2014 à 19h06

Inventeur de formes effervescentes, assembleur de mondes inouïs, le compositeur et metteur en scène allemand Heiner Goebbels est l'invité de la biennale Musiques en scène, à Lyon jusqu'à la fin du mois, qui lui consacre la plus grande rétrospective jamais organisée. Quatre spectacles emblématiques, ovnis scénico-musicaux (I Went to the House But Did Not Enter avec le célèbre quartet vocal Hilliard Ensemble, Chants des guerres que j'ai vues, la machine à rêves Stifters Dinge et Max Black, avec André Wilms dans le rôle du savant fou-homme orchestre), deux concerts symphoniques et une installation immersive au Musée d'art contemporain, l'occasion rare de découvrir la vaste palette de l'un des artistes les stimulants de la scène contemporaine.

Issu du jazz allumé, fondateur d’une «fanfare d’extrême gauche» et du groupe d’avant-rock saturé Cassiber en 1982, le compositeur composite né en 1952, a fait ses gammes dans la radio expérimentale allemande (ou Hörspiel) avant d’étendre à la scène son goût de l’hybridation, combinant lumière, musique, décors et mots dans des pièces saisissantes de poésie visuelle et sonore, drôles et mélancoliques. Refusant la narration linéaire pour lui substituer des dispositifs à plusieurs voix ou perspectives, Goebbels crée des «drames de la perception», paysages suggestifs où le spectateur peut promener librement son regard et faire vagabonder son oreille et son esprit. Une approche qu’on retrouve dans l’installatio