Avec son compatriote, l'écrivain allemand Arno Schmidt, mort en 1979, le contrebassiste et comédien Hubertus Biermann partage au moins une passion : la bicyclette. Le compositeur américain John Cage n'était, quant à lui, pas spécialement féru de vélo mais admirait Marcel Duchamp, dont le premier ready-made, en 1913, consista en une roue de vélo dressée sur un tabouret. John Cage, dont l'une des compositions les plus fameuses, 4'33'', se présente comme un morceau de silence en trois mouvements, était aussi un admirateur d'Erik Satie, dont il interpréta, en 1963 à New York, les Vexations, une œuvre qui est la répétition d'un motif unique joué 840 fois de suite.
Arno Schmidt, John Cage, Marcel Duchamp, Erik Satie, et quelques autres sont présents, à un titre ou à un autre, sur le plateau de l’Echangeur de Bagnolet.
Hubertus Biermann aussi, en chair, en os et même en cuissard et maillot, puisqu'il est à la fois l'objet et le prétexte du spectacle. Dans Nous ne pouvons connaître le goût de l'ananas par le récit des voyageurs - une citation empruntée à Leibniz -, Odile Darbelley et Michel Jacquelin ont entrepris une exploration de l'art contemporain en plusieurs étapes avec, à chaque fois, un artiste invité. L'épisode avec Hubertus Biermann est le deuxième d'une série entamée avec le cinéaste suisse Boris Lehman. Le troisième épisode, avec le chorégraphe Georges Appaix, a été créé en octobre et un quatrième, avec le critique et réalisateur André S. Labarth