Rien à dire question emballage. Joël Pommerat n'a pas son pareil pour sculpter espace et temps. Courtes scènes coupées au noir, éléments de décor minimum, amplifications sonores - via notamment des micros HF -, utilisation de la musique comme contrepoint dramatique, le metteur en scène de la compagnie Louis Brouillard a le sens du rythme et de l'ellipse. Toutes qualités que, pour la première fois de sa carrière, il met au service d'un texte qu'il n'a pas écrit, en l'occurrence Une année sans été (Actes Sud Papiers), la pièce qui en 1987 révéla l'auteure et metteure en scène Catherine Anne.
Enamouré. Autre particularité : délaissant pour une fois le noyau de comédiens qui l'accompagnent depuis vingt ans, Pommerat a choisi de travailler avec des acteurs qui ont l'âge, ou peu s'en faut, des personnages de la pièce. Laquelle met en scène cinq jeunes gens dont on suit l'itinéraire durant quelques mois de leur vie, de l'automne au printemps. Le «sans été» du titre renvoyant à un moment historique précis : l'été 1914, celui du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Pour écrire sa pièce, Catherine Anne dit s’être inspirée de la vie du poète allemand Rainer Maria Rilke. Fils d’un industriel, Gérard est un poète de 19 ans qui veut quitter sa province pour Paris. Le jour du départ, il a une aventure avec Anna, une Allemande qui travaille comme secrétaire dans l’entreprise paternelle, en compagnie de Mademoiselle Point, qui es