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Libération
Grand angle

Anne Frank, la pièce maîtresse

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«Anne», première mise en scène de la version non expurgée du «Journal», est jouée depuis le 8 mai à Amsterdam dans  un théâtre construit pour ce spectacle. Monumentale, éprouvante, elle révèle le talent d’écrivain et la modernité de la jeune fille.
publié le 14 mai 2014 à 18h06

Une jeune étudiante élégante à la veste rose éclatante bavarde avec un bel inconnu à la terrasse d'un bistrot. Sur l'immense scène du Theater Amsterdam, construit spécialement dans le port pour la pièce Anne, la brasserie est grandeur nature, la place parisienne, la musique joyeuse, la journée ensoleillée. Nous sommes à Paris, la guerre est finie, le bonheur est possible. Avec enthousiasme, l'étudiante confie à l'étranger qu'elle écrit et qu'elle cherche un éditeur pour son manuscrit. L'histoire ? Une jeune fille juive qui a grandi cachée. In hiding. Le manuscrit est prêt, dit-elle. Chance, l'inconnu est éditeur.

Anne Frank a survécu et, comme elle en rêvait du fond de son grenier, elle va enfin voyager : «J'aimerais passer un an à Paris et à Londres, apprendre les langues et étudier l'histoire de l'art», écrit-elle dans son journal le 8 juin 1944, deux jours après le débarquement des Alliés en Normandie, quand elle pense que la Libération est proche. «Serais-je un jour un journaliste ou un écrivain ?» s'était-elle demandé. Son journal, qu'elle a réécrit plusieurs fois pour qu'il puisse être publié et servir de témoignage après la guerre, va trouver un éditeur. La vie est normale. Tout va bien.

Le décor tourne, le bistrot parisien disparaît, les couleurs aussi. Rien n’est plus normal.

C’est le cauchemar qui est la vraie histoire. Sur les écrans panoramiques autour de la scène défilent des images de films d’actualité en noir et blanc qui agres